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EXIL AU DANEMARK
(CES DEUX ANIMAUX QUI LEUR ONT PERMIS DE TENIR...)
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En mai 1948, pour Louis-Ferdinand et Lucette il n'est pas encore question de regagner la France, d'autant moins qu'une procédure y a été ouverte contre Céline. Le Bon Samaritain, en la personne de Thorvald Mikkelsen va venir à leur secours : il leur offre l'hospitalité de sa résidence secondaire, Klarskovgaard, à quelques kilomètres de Korsor. Personne n'a prévu que ce séjour durerait trois ans pour le couple. Trois longues années à se morfondre dans un exil de plus en plus lourd à supporter.
[...] La propriété, située sur un plateau entre deux imposantes forêts et bordée au sud par la côte du Grand-Belt, est un exceptionnel coin de nature intact, foisonnant de vie animale. Le domaine est composé de champs coupés de haies vives, mais surtout d'un vaste verger, jalousement entretenu, de pommiers, poiriers, pruniers et cerisiers. |
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Cinq maisons, dont quatre à colombages et à toit de chaume, plantent des taches rouges dans toute cette verdure. Il y a Hovedhuset (" la maison de maître " ou " la maison principale "), construite cent cinquante ans auparavant, où habite Mikkelsen. Elle est précédée d'une quinzaine de mètres par Gœstehuset (" la maison d'hôtes "), plus petite et plus récente. A une cinquantaine de mètres plus loin, vers l'est, Avlsgaarden (" la ferme ", encore appelée " la maison du régisseur "), vieille d'un siècle et demi.
Mais avant d'arriver à ces trois habitations, on aura d'abord aperçu, juste au sortir de la Forêt de Korsor et nichée dans un vallon, Skovly (" A l'abri de la forêt "). |
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De Skovly à la Hovedhuset, la distance est de quelque deux cent cinquante mètres. Le couple passe alternativement, au gré des saisons, de Skovly à Fanehuset et de Fanehuset à Skovly. Si Skovly est une agréable demeure de près de 200 m2, bien protégée du vent au creux d'un vallon, Fanehuset n'est qu'une chaumière de 65 m2, que sa situation expose davantage aux intempéries. |
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Lucette promène Bessy à Klarskovgaard |
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Après avoir été jeté dans un " cul-de-basse-fosse " à la " Vestre ", se plaint l'exilé, le voici à présent " reclus " dans une " cabane ", voire un " igloo " ! Céline, c'est incontestable noircit le tableau. Il tend à ne voir les choses qu'à travers son prisme déformant, à inventer même bien que ce soit la plupart du temps autour d'une petite part de vérité. En fait n'a-t-il pas besoin de dramatiser sa vie et celle des autres pour créer, quitte à affabuler ?
Son énorme correspondance en témoigne : sans doute plus de quatre mille lettres en trois ans ! Mikkelsen ne fait pas payer de loyer aux Destouches. Il leur alloue sept cents couronnes par mois pour leur entretien, ce qui n'est pas une petite somme (environ deux mille, deux mille cinq cents de nos euros). Ils ont en outre l'avantage d'être alimentés en légumes, fruits et bois de chauffage par le régisseur, qui, avec sa femme les invite parfois à prendre le café. |
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Céline
dans
sa
chambre
du
Rigshospital
Les
Petersen
sont
toujours
prêts
à
rendre
service;
mais
ils
ne
peuvent
rien
au
désespoir
de
Céline,
rongé
par
ses
conditions
de
vie
et
le
temps
qui
s'écoule
trop
lentement
à
son
gré.
Céline
et
Lucette
vont
pourtant
trouver
un
soutien
quotidien
en
la
personne
d'Erna
Rasmussen,
fille
des
régisseurs,
âgée
de
vingt
neuf
ans
en
1948.
Elle
est
mariée
et a
un
fils,
Erik
né
en
1940.
Elle
habite
Korsor
mais
elle
vient
presque tous
les
jours
aider
ses
parents
à
gérer
le
domaine.
C'est
Erna
qui
par
exemple
sert
de
commissionnaire
au
couple
d'exilés.
Elle
fait
des
achats
pour
eux
en
ville
et
va
chercher
à la
douane
les
colis
envoyés
de
France. |
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Femme de confiance, elle ne tarit pas d'éloges sur Céline, qui est toujours d'une courtoisie extrême avec celle qu'il appelle " madame Erna " et à qui il se prend parfois à faire des confidences. Elle l'admire aussi comme médecin, car, un jour, elle se démet l'épaule au travail, et c'est Céline qui, en praticien chevronné, lui remet l'os en place.
Bébert et Bessy |
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Bébert,
le
chat
de
Céline
et
Lucette,
1948.
Elle
est
sensible
à
l'amour
que
Céline
porte
aux
animaux.
Dans
la
cuisine,
par
exemple,
il a
enlevé
un
carreau
pour
laisser
le
passage
à
une
vingtaine
de
chats
à
demi
sauvages
qui
vont
se
réfugier
sous
la
cuisinière
à
hauts
pieds,
tandis
que
le
roi
Bébert,
du
haut
de
son
perchoir,
veille
d'un
œil
jaloux
sur
toute
cette
gent
féline.
Dans
la
maison
règne
un
désordre
indescriptible,
mais
humains
et
animaux
s'y
côtoient
en
parfaite
intelligence.
Juste
devant
la
cour,
des
cordes
ont
été
tendues
entre
les
arbres
: y
pendent
des
paniers
remplis
de
pain
et
de
graines
pour
les
oiseaux.
Jamais,
au
dire
d'Erna,
on
n'a
vu
autant
d'oiseaux
et
de
toutes
les
variétés
que
du
temps
de
Céline,
à
Klarskovgaard. |
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Sans jouer les saint Vincent de Paul ou les Münthe, il m'est souvent reproché de faire trop de place aux animaux... C'est un fait !... Oui ! oui !
L.-F. Céline,
D'un château l'autre.
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Lucette avec Bébert dans le sac à Koge, villa de Karen Marie Jensen. |
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Fier de trôner dans les bras de Lucette |
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Dans le petit groupe des animaux ramenés de Korsor, Bébert faisait figure d'ancêtre. C'était un grand vieillard qui s'éteignit très paisiblement en 1953, et si l'on en croit Céline, encore très ingambe : " Bébert je l'ai ramené ici à Meudon... il est mort ici après bien d'autres incidents, cachots, bivouacs, cendres, toute l'Europe... Il est mort agile et gracieux, impeccable, il sautait encore par la fenêtre le matin même... " (Nord, p.670).
Frédéric Vitoux donne de sa fin une image moins poétique, rappelant qu'il était atteint d'un cancer généralisé : " Il ne se nourrissait plus. Ne pouvant plus rien garder. Maigre, efflanqué, la peau sur les os il se traînait d'une chaise à une autre. Péniblement. " (Bébert, le chat de L.-F. Céline, Grasset, 1976, p.129).
(François Gibault, Céline Cavalier de l'Apocalypse, Mercure de France, p.308).
***
Autre familière de la maisonnée, la chienne Bessy. Dans la bouche de Céline, l'histoire de Bessy est pure affabulation. Pas une seule once de vérité, cette fois ! Non, Bessy n'a jamais été un chiot abandonné par un soldat allemand. C'est une chienne de race, achetée toute petite par les Petersen dans un chenil réputé de Fionie.
Ce n'est pas un animal martyrisé qu'on affame en le gardant encagé pour le rendre encore plus sanguinaire dans la chasse aux lièvres et aux lapins sauvages. |
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Sept. 49, Korsor, Magdeleine Mourlet, Céline et Bébert, Lucette tient Bessy |
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Les Petersen n'ont pas hésité à offrir Bessy au couple Destouches... |
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Non décidément : c'est un fin berger allemand, une bête docile, affectueuse, avec laquelle joue le petit Erik. Mais Bessy va s'attacher à Céline : instinct de l'animal qui sent l'homme désemparé et veut le consoler ?
Les Petersen, émus, ne vont pas hésiter à offrir Bessy au couple. Elle sera de toutes les promenades à travers la campagne, la forêt et le long de la plage.
En juillet 1951, elle fera partie, en compagnie des chats Bébert, Thomine et Flûte, du voyage-retour des Destouches en France. Elle mourra à Meudon.
Dans D'un château l'autre, la mort de Bessy, telle que la décrit Céline, est peut-être la plus émouvante fin d'un animal qu'on ait lue sous la plume d'un écrivain. A vous tirer des larmes !
***
" [...] Je l'ai eue, au plus mal, bien quinze jours... oh, elle se plaignait pas, mais je voyais... elle avait plus de force... elle couchait à côté de mon lit... un moment, le matin, elle a voulu aller dehors... je voulais l'allonger sur la paille... juste après l'aube... elle voulait pas comme je l'allongeais... elle a pas voulu... elle voulait être dans un autre endroit... du côté le plus froid de la maison et sur les cailloux... elle s'est allongée joliment... elle a commencé à râler... c'était la fin... on me l'avait dit, je le croyais pas... mais c'était vrai, elle était dans le sens du souvenir, d'où elle était venue, du Nord, du Danemark, le museau au nord, tourné nord... la chienne bien fidèle d'une façon, fidèle aux bois où elle fuguait, Korsor, là-haut... fidèle aussi à la vie atroce... les bois de Meudon lui disaient rien... elle est morte sur deux... trois petits râles... oh, très discrets... sans du tout se plaindre... ainsi dire... et en position vraiment très belle, comme en plein élan, en fugue... mais sur le côté, abattue, finie... le nez vers ses forêts à fugue, là-haut d'où elle venait, où elle avait souffert... Dieu sait !
Oh, j'ai vu bien des agonies... ici... là... partout... mais de loin pas des si belles, discrètes... fidèles... ce qui nuit dans l'agonie des hommes c'est le tralala... l'homme est toujours quand même en scène... le plus simple... " (D'un château l'autre, p.116).
***
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De toutes les promenades... |
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Magnifique
Bessy
L'exil
a
engendré
chez
Céline
ainsi
que
chez
certains
exégètes,
des
allégations
fantaisistes
voire
mensongères.
Maintenant
que
les
passions
se
sont
apaisées
et
que
les
évènements
se
sont
décantés,
la
période
de
l'exil
est
jugée
plus
sereinement
et
plus
objectivement
comme
l'attestent
depuis
une
trentaine
d'années
un
bon
nombre
de
livres
et
d'articles.
Espérons
que
le
présent
ouvrage
contribuera
à
son
tour,
et
par
le
texte,
et
par
l'image,
à
éclairer
le
lecteur
sur
ce
qui
fut
sans
conteste
un
calvaire
désespérant
pour
Céline,
mais
qui,
loin
de
stériliser
l'artiste,
donna
au
contraire,
un
nouvel
élan
à
son
œuvre
novatrice.
(Céline
au
Danemark
1945-1951,
David
Alliot,
François
Marchetti,
Ed.
du
Rocher,
2008). |
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CÉLINE
LES MANUSCRITS RETROUVÉS
UNE EXPOSITION PROPOSÉE À L'OCCASION DE LA PARUTION DE GUERRE DE LOUIS-FERDINAND CÉLINE
EXPOSITION DU 6 MAI AU 16 JUILLET 2022
Galerie Gallimard, 30-32 rue de l'Université, 75007 PARIS.
Tél. 0149544230 |
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Le
manuscrit
de
Guerre
sera
mis
en
valeur,
sans
négliger
toutefois
ceux
de
Londres,
de
Casse-pipe
et
de
La
Volonté
du
roi
Krogold
(lequel
sera
exposé
avec
ses
fameuses
pinces
à
linge).
Des
documents
plus
intimes
(lettres,
cartes
postales,
tirages
d’époque,
portrait…),
issus
des
archives
de
l’écrivain,
apporteront
un
éclairage
sur
les
sources
biographiques
de
l’œuvre
littéraire,
en
particulier
sur
les
liens
entre
Louis
Destouches
et
ses
parents,
sur
sa
formation
militaire
à
Rambouillet
et
sur
sa
convalescence
de
blessé
de
guerre
à
Hazebrouck
et
au
Val-de-Grâce.
Les
médailles
militaires
du
maréchal
des
logis
seront
exposées,
ainsi
que
le
Journal
de
marche
de
son
régiment,
conservé
par
le
Service
historique
de
la
Défense
(Vincennes).
L’ensemble
sera
complété
par
des
documents
d’histoire
éditoriale,
provenant
des
archives
des
Éditions
Gallimard
et
des
Éditions
Denoël. |
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