ÉLIZABETH raconte CÉLINE
(Entretiens avec Jean Monnier) |
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Peu après la publication de
Voyage
au
bout
de
la
nuit, la
rupture
est
consommée,
et
mal
vécue
par
Céline
pour
qui
cette
histoire
restera
«
humainement
infecte,
vraiment
américaine,
hélas
! ».
Il
tentera
de
reconquérir
«
L'Impératrice
»
lors
d'un
voyage
californien
en
1934,
où
il
approchera
aussi
Hollywood
pour
y
vendre
les
droits
cinématographiques
du
Voyage. Sans
succès.
Le
mariage
d'Elizabeth
en
1939
avec
un
juif,
Benjamin
Tankle,
agent
immobilier,
sera
pour
certains
une
des
sources
de
l'antisémitisme
de
l'écrivain. |
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Plus de cinquante plus tard, Jean Monnier décide de partir
à sa
recherche
pour
recueillir
le
témoignage
de
celle
qui
«
contribua
peut-être
à sa
manière
à la
métamorphose
du
médecin
en
écrivain
»
(Frédéric
Vitoux). Il
finit
par
retrouver
sa
trace
mais
apprend
qu'un
autre
universitaire,
Alphonse
Julliand,
l'a
précédé
de
quelques
jours.
Ce
dernier
en
publiera
un
livre,
Elizabeth
&
Louis, qui
sortira
en
1994
chez
Gallimard.
(Le
Petit
Célinien,
7
fevrier
2014).
Jean Monnier, préparait une thèse de doctorat sur Céline
avant
de
retrouver
Elizabeth
Craig. |
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Qui était cette fée ou sorcière qui permit au docteur Destouches
de
devenir
Céline
?
Qu’est-ce
qui
prédisposait
cette
Californienne
de
bonne
famille
à
plonger
dans
le
sombre
univers
mental
de
l’écrivain,
à se
soumettre
à
tous
ses
excès
et
donc
à
l’encourager
dans
sa
voie
?
Sans
elle,
le
docteur
Destouches
n’aurait
jamais
été
le
Céline
qu’il
est
devenu,
tout
au
mieux
il
en
aurait
été
un
autre.
(Jean
Monnier,
E.
Craig,
une
vie
célinienne,
p.20)
Elle
s'avance
avec
majesté.
Sa
silhouette,
son
maintien
n'ont
rien
à
envier
à
ceux
d'une
jeune
fille.
Dans
le
sourire
qui
illumine
son
visage
ridé,
il y
a
encore
beaucoup
de
charme
et
de
classe.
Je
me
présente,
je
présente
mon
assistante...
Elle
me
prend
le
bras,
chaleureuse
et
amicale
elle
nous
met
à
l'aise,
tout
de
suite
les
distances
sont
effacées...
nous
sommes
entre
amis...
Elle
nous
fait
entrer
dans
son
logis.
Un
intérieur
simple
mais
confortablement
arrangé
et
surtout
très
serein.
Voilà
où
elle
coule
ses
jours
seule
avec
sa
perruche.
Contrôlant
toujours
tout
avec
une
poigne
de
velours,
elle
nous
indique
où
nous
installer,
et
nous
fait
assoir,
se
plaçant
entre
nous,
très
digne.
Cette
dignité,
cette
présence
royale
est
frappante...
Oui
nous
sommes
bien
avec
l'Impératrice,
et
l'Impératrice
va
prendre
la
parole. |
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Jean Monnier. - Après la guerre il a été incarcéré.
Elizabeth Craig. - Je n'en savais rien... pourquoi ?
Jean Monnier. - Pour avoir collaboré. (1)
Elizabeth Craig. - Collaboré avec qui... était-il contre la France ?
Jean Monnier. - Il était pro-Nazi.
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Elizabeth Craig. - Eh bien !... Il a toujours été pour les
pauvres.
Il
était
médecin
et
il
n'a
jamais
pris
un
sou
à
ses
malades
! Ce
que
je
voudrais
savoir,
je
sais
qu'on
l'avait
mis
en
résidence
surveillée
au
Danemark,
pour
quelles
raisons
?
Quelque
chose
au
sujet
des
Juifs
?...
Il
n'était
aucunement
contre
les
Juifs...
je
connaissais
bien
tous
ses
amis,
et
il
avait
beaucoup
d'amis
juifs.
Je
ne
peux
pas
comprendre
qu'il
puisse
avoir
été
contre
les
Juifs.
Jean
Monnier.
-
C'est
pourtant
la
raison
pour
laquelle
on
l'a
arrêté.
Elizabeth
Craig.
-
Est-ce
qu'il
a dû
rester
au
Danemark
longtemps
?
Jean
Monnier.
-
Six
ans
et
ensuite
il a
été
extradé
en
France.
Elizabeth
Craig.
- Il
a
fini
sa
vie
à
Paris
?
Jean
Monnier.
- A
Meudon,
juste
à
côté
de
Paris.
Elizabeth
Craig.
-
C'est
terrible,
parce
que
je
connais
l'homme
si
bien
et
je
sais
qu'il
ne
pouvait
rien
avoir
à
faire
avec
quelque
chose
comme
ça...
de
toute
façon,
j'ai
mon
idée...
Quand
est-il
mort
? |
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Louis Destouches, à Genève. Photo d'Elizabeth |
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Jean Monnier. - En 1961.
Elizabeth
Craig.
-
...
il
avait
essayé
de
me
joindre...
à
une
certaine
époque,
mais
vous
savez
que
j'étais
mariée
et
je
voyageais
beaucoup
avec
mon
mari.
Mais
en
1944
je
sais
que
j'étais
en
Californie
du
Nord.
Qu'a-t-il
pu
faire
pour
se
mettre
tout
le
monde
à
dos
comme
ça...
est-ce
ce
qu'il
a
écrit
?
Jean
Monnier.
-
Oui,
ses
écrits.
Elizabeth
Craig.-
Quand
les
Nazis
ont
occupé
la
France,
que
s'est-il
passé
?
Jean
Monnier.
- Il
est
resté
à
Paris
pendant
toute
l'Occupation.
Elizabeth
Craig.
-
C'était
un
de
ces
guerriers
qui
vont
se
battre
tout
seul
contre
le
Dragon...
il
était
terriblement
émotionnable.
Jean
Monnier.
-
Qu'est-ce
que
vous
voulez
dire
par
là ? |
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Elizabeth Craig. - Il était toujours en train de combattre
pour
l'humanité,
il
était
l'ennemi
de
l'autocratie,
et
se
voulait
le
défenseur
des
petites
gens...
des
gens
qui
souffrent,
les
exclus
qui
n'ont
pas
le
droit
à la
parole.
Il
était
médecin
et,
pendant
les
huit
années
que
j'ai
passées
avec
lui,
je
l'ai
toujours
vu
soigner
femmes
et
enfants
pour
rien,
il
leur
donnait
même
de
l'argent.
Il
abhorrait
le
gâchis
causé
par
la
corruption
politique.
Il
pensait
que
si
on
élevait
le
peuple
matériellement
et
moralement,
la
France
pourrait
devenir
la
première
des
nations,
car
c'était
le
pays
le
plus
intelligent
qui
soit, |
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mais malheureusement les Français étaient des faibles psychologiquement
!...
Nous
pourrions
parler
de
tout
cela
pendant
des
heures...
enfin
c'était
ses
idées,
et
c'était
même
son
âme...
mais
il
était
timide...
il
était
timide
en
amitié...
car
il
voulait
être
aimé,
mais
il
ne
se
sentait
pas
bien
dans
sa
peau
et
il
pensait
qu'on
ne
pouvait
pas
l'apprécier
trop
longtemps...
c'était
un
homme
très
modeste...
plein
d'idées...
très
poétique.
S'il
ne
s'était
occupé
que
de
littérature,
il
aurait
pu
avoir
une
bonne
vie,
et
ne
pas
se
fourrer
dans
ces
histoires
qui
ne
le
regardaient
pas.
Il
me
disait
: "
Je
veux
descendre
au
fond,
tout
au
fond,
voir
ce
qu'il
y a
dans
le
bas-fond
des
choses
et
des
gens.
" Il
était
pour
moi
un
homme
extraordinaire
et
merveilleux.
Il
aimait
les
femmes,
mais
il
était
comme
ça !
Il
pensait
que
la
sensibilité
féminine
pouvait
apporter
quelque
chose
d'élevé
à
l'homme. |
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Vous savez nous avons eu une bonne vie ensemble. On me demande maintenant pourquoi je l'ai quitté. Eh bien ! C'est parce que j'arrivais à la trentaine et il aimait la beauté physique.
Tout le monde l'aime, mais chez lui c'était une passion un peu particulière et je savais qu'un jour je n'aurais plus cette beauté, à trente et un ans j'étais danseuse, mais je ne pouvais pas le rester jusqu'à soixante et onze ans. Je me suis dit, lui il a un grand avenir, alors c'est pour lui que je suis partie. C'était un véritable sacrifice d'une certaine façon. Je pensais qu'il m'oublierait très rapidement, car il y avait toujours quelques femmes à lui tourner autour, qu'elles soient française, allemande ou de toute autre nationalité. (...)
Elizabeth, la danseuse |
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Jean Monnier. - Vous pensez que Louis avait peur des Juifs
?
Elizabeth
Craig.
-
Louis,
il
admirait
leurs
capacités
; je
pense
qu'au
fond
il
reconnaissait
leur
intelligence,
mais
il
ne
leur
faisait
pas
confiance.
Il
me
disait
: "
Ils
sont
faux...
on
ne
sais
jamais
ce
qu'ils
pensent...
" Ce
qui
est
sans
doute
vrai...
mais
cela
va
dans
les
deux
sens,
tout
le
monde
ne
l'est-il
pas
?...
Et
puis
ils
ont
toujours
été...
Je
ne
sais
pas
grand
chose
sur
les
Juifs...
on
ne
sait
même
pas
d'où
ils
viennent...
vous
le
savez,
vous
? De
toute
façon,
où
que
vous
les
mettiez
ils
réussiront
toujours
à
faire
pousser
des
roses.
Jean
Monnier.
-
Avez-vous
remarqué
que
Louis
ne
les
aimait
pas
?
Elizabeth
Craig.
- Je
ne
l'ai
jamais
senti,
il
ne
m'a
jamais
rien
dit
qui
puisse
me
faire
croire
cela.
D'ailleurs
il
avait
un
très
bon
ami
à la
S.D.N.,
le
Dr
Rajchman.
Je
l'ai
rencontré,
c'était
le
patron
de
Louis.
C'est
lui
qui
a
envoyé
Louis
faire
tous
ces
voyages.
On
est
souvent
allé
dîner
avec
eux.
Je
l'aimais
bien.
C'était
plutôt
le
genre
grand
bureaucrate,
sa
femme
parlait
aussi
bien
l'allemand
que
le
français,
des
gens
très
sympathiques.
Mais
c'est
vrai
qu'il
aimait
bien
me
faire
des
remarques
un
peu
désobligeantes
sur
lui,
mais
il
faisait
aussi
son
éloge.
Jean
Monnier.
-
N'y
a-t-il
jamais
eu
un
froid
entre
eux
? |
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Elizabeth Craig. - Jamais, ça je le sais, quand il est parti
de
la
S.D.N.
ils
se
sont
quittés
en
très
bons
termes.
C'est
lui
qui
l'a
aidé
à
trouver
son
poste
à
Paris...
Pendant
toute
sa
carrière
à la
S.D.N.
Louis
était
son
protégé
et
il
l'a
aidé
à
obtenir
un
tas
d'avantages
qu'il
n'aurait
jamais
eus
autrement,
et
s'il
a
quitté
la
S.D.N.
c'est
justement
parce
que
Rajchman
avait
été
promu
dans
un
autre
service.
Le docteur Ludwik Rajchman. |
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Après cela on ne les a pas revus, mais c'est lui qui a aidé
Louis
à
s'installer
à
Paris,
et
Louis
lui
en a
toujours
été
reconnaissant.
Mais
c'est
vrai
il
se
moquait
un
peu
de
lui.
Il
disait
toujours
: "
Il
est
très
malin,
il
est
très
malin
",
avec
un
petit
peu
de
mépris.
Je
ne
pense
pas
qu'il
n'y
aurait
jamais
pu y
avoir
un
véritable
sentiment
d'amour
et
d'admiration
entre
eux,
pas
dans
le
vrai
sens
du
mot.
Jean
Monnier.
- En
rentrant
en
France
Louis
a
raconté
que
vous
vous
étiez
donnée
à un
Juif.
Elizabeth
Craig.
- Ah
!
Bon
!
C'était
vrai
!
Mais
je
ne
le
savais
même
pas,
mais
cela
ne
m'aurait
pas
fait
changer
d'avis.
Mais
si
je
l'avais
su,
je
ne
lui
aurais
pas
dit.
Il
m'a
fallu
des
années
pour
l'apprendre,
personne
ne
le
savait.
Il
avait
beaucoup
plus
le
type
germanique
qu'il
n'avait
le
type
juif,
et
c'était
quelqu'un
de
très
généreux,
et
surtout
de
très
très
amusant...
c'était
tout
l'opposé
de
Louis.
Je
l'ai
dit
tant
de
fois
que
cela
paraît
bête
à
répéter
encore
une
fois,
mais
c'est
la
vérité.
Je
me
demande
encore
comment
j'ai
pu
vivre
tant
d'années
avec
ce
sens
de
la
mort
à
côté
de
moi...
Je
ne
sais
pas...
j'étais
jeune,
je
n'y
faisais
pas
trop
attention...
et
je
me
disais
: "
Ça
va
passer,
il
ira
mieux
quand
il
aura
fini
son
livre.
"
Mais
je
suis
sûre
que
cela
n'a
jamais
vraiment
changé.
Il
n'était
pas
bien...
je
pense
qu'il
avait
des
problèmes
de
santé.
Il
avait
attrapé
la
malaria
et
je
pense
que
des
choses
comme
cela
comptent
beaucoup
dans
l'état
mental
d'une
personne... |
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Il était fort comme un taureau et il avait l'air en bonne santé, mais je me suis souvent dit que peut-être cette maladie l'avait affaibli, lui avait donné conscience d'une vulnérabilité qu'il n'avait pas véritablement... Il avait attrapé cela en Afrique... Il y est allé deux fois... Il en a ramené de glorieuses histoires sur la beauté des princesses africaines. Je crois qu'il avait attrapé la fièvre la première fois, juste après la première guerre mondiale. Il était allé là-bas pour gagner beaucoup d'argent. C'était un endroit où l'on était très bien payé, surtout en Afrique française. Il aurait fait n'importe quoi pour gagner beaucoup d'argent... Il avait frôlé la mort...
(1) Au titre de l'article 75.
(Jean Monnier, Elizabeth raconte Céline, BLFC n° 11, Bibliothèque L.F. Céline, 3 nov. 1988). |
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Madeleine Chapsal, en 1973.
Journaliste, écrivain, décédée à 98 ans dans la nuit du 11 au 12 mars 2024 au Pouliguen.
En 1957, Céline signe son retour sur la scène littéraire avec la publication de son ouvrage D'un château l'autre. Madeleine |
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Chapsal rencontre l’écrivain devenu paria dans sa maison de Meudon par l’entremise de l’écrivain Roger Nimier (1925-1962), chef de file du mouvement littéraire dit des " Hussards ". En 2011, elle confiera au magazine Lire les tensions suscitées dans la rédaction : " L’idée de donner beaucoup de place à Céline les avait beaucoup remués. […] Je suis rentrée très fière de moi à L’Express, mais là, en raison des propos provocants de Céline, une discussion en conférence générale a commencé. Il a été décidé de rendre compte de nos réticences dans une courte introduction. Mais il n’y a pas eu de censure et nous avons bien fait de publier cet entretien, car il n’existait que peu de choses sur Céline à l’époque. " Sur le déroulement de la rencontre, Madeleine Chapsal ajoute : " Il avait le sens de la mise en scène. Il nous a reçus dehors, devant sa maison. Il y avait un chat, un balai et des cactus. Cela faisait un peu terrain vague. Je n’ai pas aperçu sa femme. J’ai eu le sentiment qu’il vivait un peu comme il en avait envie, librement. Il était habillé comme quelqu’un qui balaye devant chez lui ou fait du jardinage. Il était évident qu’il était d’une intelligence remarquable, supérieure. En fait, je n’ai pas eu grand-chose à dire. A la première question, il est parti dans un monologue éblouissant. Je n’ai pas eu à l’interrompre une seule fois et j’ai donc rajouté les questions après. A cette époque, il avait cessé de s’attaquer aux Juifs. Sa nouvelle bête noire, c’était les Chinois. On était là pour qu’il aille le plus loin possible. Il nous a mis au défi à plusieurs reprises : " Cela vous n’oserez pas le publier ! " On n’a pas coupé, bien entendu. "
(Voyage au bout de la haine, L'Express, 1957). |
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La page du journal L'Express, parution du 14 juin 1957.
L'interview :
" VOYAGE AU BOUT DE LA HAINE... "
avec Louis-Ferdinand CELINE |
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Entretien avec Céline à Meudon, 1957
(une sténotypiste, Madeleine Chapsal, qui mène l'entretien, acompagnée de Philippe Grumbach, et le chat Bébert). |
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Frédéric Mitterrand, ancien ministre de la culture, écrivain, réalisateur, animateur de télévision et homme politique est décédé à Paris le 21 mars 2024.
Frédéric Mitterrand fait volte-face et écarte Céline des célébrations de 2011
Prise avec l'Elysée, la décision suscite la colère et l'incompréhension parmi les universitaires et les écrivains. |
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Frédéric Mitterrand est venu les mains vides. Vendredi 21 janvier, le ministre de la culture avait prévu d'offrir un exemplaire de l'édition 2011 du Recueil des célébrations nationales à chacun des invités venus fêter à la chapelle de l'Ecole nationale supérieure des beaux-arts, à Paris, le 25e anniversaire de cette publication. Il en a finalement décidé autrement. En cause : la présence, dans cette brochure de 300 pages, de l'écrivain Louis-Ferdinand Céline (1894-1961), aux côtés de Philippe de Commynes, Théophile Gautier, Blaise Cendrars ou Frantz Fanon. Une présence jugée incompatible avec les " valeurs fondamentales de la nation et de la République ", a justifié M. Mitterrand.
Le ministre s'est bien sûr défendu d'avoir agi " sous le coup de l'émotion ou de pressions contradictoires ". Sa décision, a-t-il indiqué, a été prise " après mûre réflexion ". Il est pourtant difficile de ne pas y voir une volte-face : si la présence de Céline l'embarrassait tant, comme il l'a affirmé devant son auditoire vendredi soir, pourquoi n'a-t-il pas décidé de s'y opposer avant que le recueil ne soit imprimé à environ 10 000 exemplaires, c'est-à-dire dès l'automne 2010 ? Un recueil dont il a lui-même signé un avant-propos enflammé où il se félicite qu'y soit évoquée " une histoire de France propre à charmer nos imaginations et nos esprits contemporains ".
A l'Elysée, on ne cache pas qu'il s'agit d'un rétropédalage, une décision prise " d'un commun accord" entre le Palais et la Rue de Valois. On constate juste que, là ou le ministère a mis quarante-huit heures pour ouvrir les yeux, la présidence a tranché en quelques heures. Au cours de la journée, plusieurs conseillers de Nicolas Sarkozy avaient pointé le caractère cocasse de la situation : " Tout le monde ici sait que Céline est l'écrivain préféré du président. A un précédent Noël, nous nous étions même cotisés pour lui offrir une lettre manuscrite de Céline ", rappelle un membre de son cabinet.
La décision soudaine de Frédéric Mitterrand est d'autant plus étonnante que le Recueil des célébrations nationales fait l'objet d'un long travail préparatoire. La procédure est la suivante : chaque année, un groupe de quelques fonctionnaires du ministère de la culture, placés sous l'autorité du directeur des Archives de France, soumet à un Haut Comité une liste d'événements et de personnalités dont l'anniversaire mérite d'être célébré.
(Le Monde, Alain Beuve-Méry et Thomas Wieder, 22 janvier 2011) |
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Encore raté, pas de chance avec Céline... |
Frédéric Mitterrand ayant tenté dans Télépoche (8 août 1992) de salir Arletty, la présentant notamment comme ayant fait partie de " cette droite extrême qui collabora honteusement avec les nazis " (!), s'est attiré ce droit de réponse publié intégralement le 31 août : - "... Arletty n'a jamais appartenu à une quelconque idéologie, que ce soit avant, pendant ou après l'Occupation. Seuls les êtres la retenaient, pas leurs opinions politiques. Avoir été l'amie et l'inspiratrice de Céline n'a pas fait d'elle une femme d' " extrême droite ", pas plus qu'avoir été l'ami et l'inspiratrice de Prévert n'a fait d'elle une femme d' " extrême gauche ". Irréductible, inclassable, irrécupérable, n'appartenant à personne et ne suivant que son cœur, |
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Arletty est demeurée indépendante et libre (...) refusant aux gouvernements de la Ve République, de " droite " comme de " gauche ", la Légion d'honneur qu'ils lui ont successivement proposée. "
Pour les ayants droit : Madame Paul Bathiat. Pour les amis et proches : Monsieur Alain Bourla. "
(B.C. n° 122, p.3). |
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